Human Use of Human Beings (2013)

Curated by Charles Carcopino
Co-Produced by Lille3000, Seconde Nature, La Gare Numérique (Jeumont), Le Manège (Mons), DICRéAM (CNC) and Arcadi
shown at Festival VIA Maubeuge, Festival Exit Paris, Gare St. Sauveur Lille, Seconde Nature Aix-en-Provence
robotic installation

In his 1950 text titled The Human Use of Human Beings, Norbert Wiener—one of the founders of Cybernetics—argued for a Utopia in which an evolved relationship between humans and machines expanded the consciousness of both parties. An avid advocate of automation, Wiener foresaw a world in which expanded collaboration among humans and machines relieved humans of treacherous and repetitive tasks, thereby creating more opportunities for creative and intellectually stimulating activities. Wiener was also deeply concerned with information theory and its relevance to the human-machine relationship. He proposed that while the physical world leans towards greater randomness (the laws of thermodynamics and ever-increasing entropy), communication essentially negates randomness—negentropy. Wiener ‘s ideas not only laid the foundation for the field of artificial intelligence, it defined a trajectory of intellectual practice that was inherently interdisciplinary, concurrently humanistic and technocentric, and politically charged from the onset.

In response to the roots of cybernetics and artificial intelligence and their implications today, Meier and Momeni create a musical and gestural language for a colony of sound-making robots. Their autonomous robots are aware of their surroundings through a variety of sensors, communicate with one another wirelessly, and diffuse sound. Each robot has a range of gestural and musical behaviors whose subtleties rely on environmental parameters and the state of its comrade robots. Their collective movements and emergent behaviors allow the artists to explore the blurry lines of work and leisure, repetition and improvisation, fate and free will, as well as communication and solitude.

work_158_image_fr

propos recueillis par Laurent Diouf, pour Digitalarti et EXIT: “Human Use of Human Beings” pièce met en scène un essaim de petits robots, surmontés d’une antenne pourvue d’une diode, qui gravitent sur une plateforme. Le parcours sinueux de ces entités, qui laisse deviner un arrière-monde cabalistique, est modulé selon la présence des spectateurs. Ce “ballet mécanique” s’effectue au son de cliquetis métalliques, tintements mélodiques, incantations et murmures cryptiques. Un temps titrée Sept Degrés De Liberté, cette installation doit son nom à l’ouvrage de référence du père de la cybernétique, Nobert Wiener, et s’inscrit dans le prolongement de précédents travaux qui prenaient le monde des insectes comme support. Explications de Robin Meier et Ali Momeni.

Nous voulons comprendre les mécanismes de la nature. Quand nous chorégraphions une colonie de fourmis, c’était pour révéler les mécanismes (et l’intelligence) cachés d’une fourmilière. Dans ce sens, ce n’est pas si différent de travailler avec des robots. Plutôt que de travailler avec des feuilles de troène et des champignons, nous travaillons avec des micro-courants, des batteries, des circuits imprimés pour révéler la même chose : l’intelligence et l’expressivité du monde qui nous entoure. (…) Aujourd’hui, une vision du monde purement physique et mécanistique remplace une vision plus magique. Cette abolition de la magie, de l’âme des choses, est comparable à la révolution copernicienne. Dans Human Use of Human Beings, nous essayons de réconcilier la machine avec la magie et la préhistoire humaine en empruntant sons, formes et pratiques au rituel probablement le plus ancien encore pratiqué aujourd’hui, l’Agnicayana (page wikipedia en anglais). Lors de cette cérémonie védique, vieille d’au moins 3000 ans, des prêtres construisent un autel de feu en forme d’oiseau constituée de triangles identiques. Empruntant ces triangles pour la construction de notre plateforme, nous laissons nos robots y ré-interpréter ce rituel à la recherche d’une humanité perdue.On le sait, il n’est pas de rituel, pas de cérémonie, sans musiques et chants dédiés, consacrés… Il en est bien évidemment de même pour l’installation de Robin Meier et Ali Momeni : pour Human Use of Human Beings, nous avons conçu un orchestre de haut-parleurs / samplers robotisés. Cela nous permet de jouer des textures hautement polyphoniques et complexes. Chaque robot peut jouer un son différent et participe ainsi à un chœur spatialisé d’une centaine de voix. Ensemble, les robots font résonner des incantations védiques et des champs harmoniques aux timbres constamment changeants — une sorte de klangfarbenmelodie mécanique. Régulièrement, ces chœurs sont interrompus par une voix synthétique qui donne de nouveaux ordres aux robots, des instructions cryptées en voix pseudo-humaine.Cette attention portée à l’environnement sonore, capital dans toutes les créations de Robin Meier et Ali Momeni, s’explique autant par leurs profils que par leurs intentions. Nous sommes tous les deux musiciens de formation. Nous ne sommes pas des scientifiques, même si notre pratique nous amène à utiliser les outils de la science et de l’ingénierie. Nous sommes fascinés par l’omniprésence de la science et de son rôle “d’ultime instance” dans nos sociétés — domaine jadis réservé à la religion. (…) L’utilisation des technologies nous a donc amené a explorer des dispositifs qui ont un rapport au temps différent de la musique, mais dont le son reste toujours central, notamment comme moyen de communication — que ce soit avec des moustiques (vidéo de l’oeuvre), abeilles ou avec des robots. Pour nous, le son est inséparable du contexte dans lequel il est produit (comme l’intelligence, tout se crée en interaction avec son environnement). Nous essayons donc de créer à la fois la composition et la situation d’écoute adaptée à cette composition. Ce sont des œuvres sonores non pas à écouter chez soi, mais à expérimenter dans l’espace.